LES NEUF BASES : la base 4



Le 4 est un de ceux que j’appelle pour plaisanter, « la Base ennéagramme de la Nature ».

A un âge avancé, ils ont tendance à ralentir le tempo, à devenir laconiques et relaxés, un peu à la manière d’un 9, peu importe leur véritable style de personnalité. Au début de la vingtaine, beaucoup de jeunes adultes passent par une phase teintée « 7 » quand ils s’aventurent dans le monde pour s’abreuver de toute la variété et des nombreuses joies de la vie.

De la même façon, la nature transforme temporairement tous les adolescents en base 4, en ça, l’expérience universelle de l’adolescence contient beaucoup d’éléments de la psychologie des 4 : une sensation d’aliénation, une forte recherche identitaire, une préoccupation d’être unique et différent des autres, une tendance à idéaliser la mort, la conviction que personne n’a jamais ressenti ce que l’on ressent et une conscience aigüe de l’exaltation mêlée à la souffrance dans le domaine de l’amour. On a un jour demandé au fameux poète et professeur de poésie John Ciardi s’il fallait souffrir pour devenir un poète. « Non » répondit-il, « Avoir été adolescent est déjà bien assez. »

Comme les 1, les 4 comparent la réalité avec ce que celle ci pourrait être. Alors que les 1 cherchent l’imperfection dans le monde qui les entoure et veulent corriger ce qui est mauvais, les 4 se détournent de la réalité pour vivre dans leur imaginaire, dans leurs émotions et humeurs. Cela entraine le fait que les 4 développent un point vue créatif, idiosyncratique, mais ils peuvent aussi s’embourber dans leur propre subjectivité. Un acteur 4 commente « Depuis le début, jouer m’a semblé comme une thérapie, puisque j’ai pu transformer ma souffrance en quelque chose de créatif ». Dans les livres d’ennéagramme, les 4 sont souvent décrits comme étant artistes et beaucoup d’artistes sont en effet de base 4. Cependant, les 4 ont toutes sortes d’occupations, même s’ils essaient dès que possible de rendre leur travail intéressant sur un plan créatif.

Comme les 1, les 4 « sains » peuvent être moralement courageux, idéalistes, et travailler dur pour ce en quoi ils croient. Ils sont plus contributeurs que plaintifs, souvent impliqués à améliorer un monde imparfait. Certains ont un grand besoin de rendre réelle dans le monde, leur vision intérieure, peut-être en créant des projets innovants à des fins humanistes ou artistiques. Pour cela, ils peuvent être audacieux, déterminés et pratiques.

« Quand je serai sur mon lit de mort », dit un 4, « j’espère pouvoir regarder derrière moi et être fier. Je ne veux pas gaspiller ma vie dans le frivole ».

Les 4 sont sensibles à la souffrance des autres et veulent s’en occuper. « J’ai la sensation de pouvoir avoir un effet sur les autres », explique un 4 qui réussit dans sa vie. « J’aime rendre la pareille. Il me faut avoir quelque chose qui me remplisse d’énergie, de sens et de passion. Rendre service aux autres me fait cet effet là plus que quoi que ce soit d’autre. » Un autre 4 ajoute, « avoir vécu la souffrance et la perte m’a rendu plus compréhensif à la souffrance d’autrui. Et plus généreux. » Les 4 peuvent être empathiques, des compagnons de galère, capables de comprendre la détresse d’autrui, particulièrement aptes à être là pour la souffrance d’un ami, quand les autres eux, s’en détournent.

A leur meilleur, les 4 expriment l’universalité de l’expérience humaine pour nous tous, affirmant la réalité de la vie intérieure ; insistant sur l’idée que les rêves et les émotions sont aussi réels que des tables ou des chaises. Les 4 peuvent être de bons enseignants et thérapeutes à cet égard. Comme le dit un 4, « la capacité à décrire les expériences internes à cause du fait de l’avoir traversé moi-même et travailler de façon thérapeutique avec les autres parce que j’ai pu concevoir ce même élément en travaillant sur moi-même, je peux totalement m’y fier. » Les 4 peuvent aussi être ouvertement partisans de la vie passionnelle « avidité, curiosité, passion et colère sont mes constructions conscientes » dit un 4 « elles me protègent de trop de tristesse, m’empêchent de baisser les bras ». Apprendre à propos d’eux-même et appliquer ce savoir est une forte tendance chez les 4 en « bonne » santé.

En 1782, Jean-Jacques Rousseau, base 4, a commencé son autobiographie « Les confessions » comme ceci : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi seul. Je sens mon coeur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. »

Quand les 4 sont moins intégrés, moins « sains », leur originalité créative se mute en un besoin d’être vu comme étant unique, basé sur la comparaison avec les autres et poussé parfois par une image de soi grandiose. Les 4 peuvent être en grande connexion avec leur émotions, mais dans la transe de leur égo, ils en viennent à traduire – dans un but défensif – leur véritable sentiment en un mélodrame pompeux. Leur capacité à la synesthésie se retournant contre eux. Au lieu de nager dans leur propre océan ils commencent à se noyer dans celui-ci, se sentant alors comme s’ils étaient les victimes de leurs propres réactions et de leur propre profondeur.

Il existe une vieille blague à propos d’un éléphant et d’une fourmi qui se rencontrent et qui tombent instantanément amoureux. Ils passent une nuit sauvage et délicieuse sous les étoiles, en faisant passionnément l’amour. Au petit matin, la fourmi se réveille et trouve l’éléphant mort – probablement à cause d’une activité sexuelle épuisante. « Zut !» dit la minuscule fourmi, en étudiant le vaste corps de l’éléphant. « Une nuit de passion et maintenant je vais devoir passer le reste de ma vie à creuser une tombe ! »

Quand les 4 sont moins intégrés, ils focalisent souvent leur attention sur ce qui manque dans leurs vies. Ils deviennent négatifs et critiques, trouvant des défauts à ce qu’ils ont, ne remarquant que la misère dans le présent, et la projetant dans le futur, s’ils sont aptes à en voir un. Ensuite, ils se tournent vers l’intérieur et utilisent leur imagination pour idéaliser d’autres temps, et d’autres lieux, se remplissant alors de lamentations et de nostalgie. Un 4 mélodramatique vieillissant dit, « je m’assois chez moi et je pense au passé, à toutes ces choses qu’il m’est arrivé de faire, au regret, et à tout ce qui aurait pu se passer autrement. Je ne pense pas au futur, tout ce que j’arrive à voir du futur c’est la Fin. La tristesse est une maladie – Je l’ai attrapée. » Un autre 4 quand on lui demande le secret du bonheur, répond : «….l’insensibilité, j’imagine. »

Un 4 qui ne va pas bien peut se montrer d’humeur changeante ou hypersensible tout en s’exemptant du besoin de suivre les règles de la vie de tous les jours. Excusé par leur sentiment de ne pas se sentir suffisamment spécial, ils peuvent se donner la permission de mal agir, d’être égoïstes ou irresponsables. Ils peuvent aussi refuser de s’adapter aux situations mondaines ou ordinaires, prétextant qu’ils sont de toutes façons différents et ne faisant pas partie de ce monde. Les 4 ont tendance à facilement se sentir coupables, honteux, mélancoliques, jaloux et sans valeur.

Souvent, ils anticipent les jugements du monde extérieur en se jugeant eux-même de façon dévastatrice. S’attendant à subir le rejet, les 4 se mettent à l’imaginer ou à le mettre en oeuvre dans le monde autour d’eux, puis s’attendent ensuite à le retrouver partout, et de façon permanente. Ensuite, ils se sentent en sécurité ; paradoxalement, la possibilité d’être accepté et de se sentir épanoui est ressentie comme menaçante.

Les 4 pathologiques peuvent vivre torturés par la tourmente. Ils peuvent être ouvertement masochistes et dans un auto-rabaissement extravagant, enclins à de drastiques et terrifiantes sautes d’humeur. Certains sont des « brûleurs de ponts » ; détruisant leur vie tout en la vivant, brulant leur passé derrière eux en une mélodramatique flamme d’imprudences – mariages, amitiés, espoirs et rêves sont gaspillés comme pour prouver que rien de bon ne peut arriver à un 4.

Les 4 qui en sont à ce stade peuvent aussi être « traumatophiles », terriblement dépendant du côté sombre de la vie. Les histoires de vie d’artistes spectaculairement auto-destructeurs reflète souvent ce type de scénario. Par essence, ils sont capables de tout détruire pour prouver qu’ils sont quelqu’un qu’en réalité ils ne sont pas – leur image de soi idéalisée.

A cette étape, les 4 peuvent devenir irrévocablement aliénés. Endommagés par un profond désespoir, ils peuvent glisser dans une haine de soi morbide et dans une dépression suicidaire. Ils ne voient leur sens de la différence qu’en termes négatifs et ils se bannissent dans une vie d’exil. Le désir de se punir, eux même et les autres, – en particulier ceux qui les aiment – peut s’avérer fort.

Les sentiments confus et l’envie

Les 4 font partie de ce trio dans l’ennéagramme de ceux qui se rejettent eux-même, qui se sur-identifient à des rôles et qui ont du mal à savoir comment ils se sentent réellement. Les 4 rejettent en particulier leur caractéristiques « normales » en faveur du fait de jouer le rôle de quelqu’un de spécial et d’unique. « Unique » peut tout vouloir dire : d’un être exceptionnellement accompli à celui qui est si défectueux qu’il est incapable de fonctionner.

Certains 4 par exemple, rapportent des sensations telles que « se sentir d’une autre planète », comme s’ils avaient été victimes d’une erreur de paperasse cosmique qui les avait poussés à atterrir ici et à être accidentellement élevés en tant qu’êtres humains. La vie sur Terre est une forme d’exil et le 4 se sent un perpétuel expatrié qui ne peut retourner sur sa planète mère.

Sous cet ostensiblement triste scénario existe une forme de vanité. Les 4 peuvent alors se sentir fiers de leur situation critique en tant qu’extra-terrestre. Venir d’une autre planète renforce leur sentiment de se sentir spéciaux et les dispense des responsabilités normales. Les extra-terrestres n’ont pas à payer d’impôts par exemple.

Un ami 4, qui a perdu son travail d’enseignant en littérature la même semaine que sa femme l’ait quitté, a brusquement coulé dans une phase dépressive et mélancolique. Pendant des mois, il est resté assis à regarder la télévision toute la journée. A chaque fois que je lui parlais, il était véritablement déprimé et ne pouvait que répéter la même litanie de plaintes à propos de la façon dont les choses se sont mal passées.

Un jour, j’ai entendu un léger changement dans sa voix. Il se plaignait comme à l’accoutumée mais sa voix sonnait presque joueuse. Je lui ai demandé : « Pourquoi ai-je la sensation que tu commences à apprécier ta situation ? » après avoir marqué une pause

il me répondit avec une ironie désabusée : « Eh bien, c’est vrai que je fais une belle épave… »

Après que les anthropologues français aient étudié les tribus du sud du Pacifique, ils sont retournés en France en faisant les louanges de la façon de vivre de ces tribus insulaires. Beaucoup de livres et de journaux furent écrits à propos de ces peuples vivant sur des îles, certains se rappelant les écrits de Rousseau sur le mythe du « bon sauvage », qui comparait l’homme civilisé de façon défavorable à côté de l’homme indigène. Les anthropologues furent encensés et récompensés pour leur travail et les détails de la vie des autochtones ont séduit l’imagination du public français. Les anthropologues ont théorisé que les européens modernes descendaient de peuples tels que ces tribus insulaires, qui vivent de façon bien plus naturelle et instinctive, en harmonie avec la nature, et non corrompus par la modernité.

Deux ans plus tard, les anthropologues retournèrent dans les îles du sud et commencèrent à interviewer les aborigènes en profondeur. Ils furent surpris d’entendre que les aborigènes pensaient descendre d’un peuple qui vivait de façon bien plus naturelle et instinctive, en harmonie avec la nature, et non corrompus par la modernité.

Les 4 sont « en contrôle » à travers le sentiment d’envie. Après avoir rejeté l’ordinaire en eux, ils compensent en se comparant aux autres qui eux, ont les qualités qui font défaut au 4 ou les qualités que le 4 reconnaît avoir eu auparavant mais qu’il a perdu. Cela entraîne un sentiment d’envie, un désir ardent pour ce qui est inatteignable ou indisponible ; ce qui n’est pas sans rappeler la mélancolie du célibataire le jour de la St Valentin. Beaucoup de personnes se sentent dans cet état d’esprit quand vient l’automne, ou pendant les fêtes, ou bien quand elles sont en « mal du pays ».

L’envie, c’est plus que de simplement souhaiter avoir, par exemple, le compte en banque de quelqu’un d’autre. Au fond, c’est un désir inconscient d’être une autre personne, quelqu’un qui a les qualités qui nous manquent. Chez le 4, cela peut prendre deux formes : l’envie d’être quelqu’un d’autre ou bien l’envie d’être une version fantasmée de soi-même.

Dans leur livre « The Wisdom of the Enneagram » Don Riso et Russ Hudson écrivent avec perspicacité à propos du Soi Fantasmé chez les 4, une version compensatoire, parfois grandiose de qui les 4 aimeraient être. Ce Soi Fantasmé est crée pour contrer le sentiment de rejet chez le 4 ; il représente ce que le 4 sera un jour quand il sera vraiment « aimable ». Le 4, au final, s’envie lui-même.

Donc un 4, dans une nouvelle situation peut regarder alentour et commencer à se comparer aux autres, voyant ces autres comme étant « normaux » et lui-même comme étant différent et unique – mais d’une façon ou d’une autre, incomplet, avec des manques.

Ensuite, le 4 commence à envier quelqu’un qui correspondrait au style de personne qu’il « devrait » être. Il peut aussi voir un couple marié et envier ce qu’il imagine être leur joyeuse vie ensemble. Ou il peut tout autant remarquer une personne attirante mais non disponible et commencer à souhaiter que cette personne tombe amoureuse de lui.

La personne de type 4 peut parfois ressentir qu’elle doit justifier sa présence dans une situation. Elle peut donc essayer de prouver que sa place est bien là après tout, en adoptant le comportement et l’apparence de quelqu’un de « normal ». Ou bien elle peut commencer à s’imaginer devenir son Soi Fantasmé – un être si unique et extraordinaire que les personnes du groupe ne pourront que l’accepter.

Les 4 se protègent avec le mécanisme de défense nommé « introjection », ce qui veut dire prendre l’autre à l’intérieur de soi et se lier à lui dans son imagination, ses pensées et ses émotions. Même si nous introjectons tous – nos parents par exemple – les 4 eux introjectent tout le temps et cette capacité a une fonction spécifique dans leur psychologie. Un 4 introjectera une personne aimée ou bien quelqu’un qu’il a idéalisé et qui est inaccessible. Ensuite le 4 bénéficie d’une relation avec son fantasme de cette personne. Le 4 garde cette personne imaginaire entre lui et les autres, comme une barrière, pour se protéger du rejet. Grâce à cela, le 4 ressent cette personne fantasmée comme étant réelle, comme s’il se réconfortait tout seul avec un ami imaginaire.

J’ai un jour demandé à un ami 4 pourquoi est ce qu’il ne m’appelait pas plus souvent. « Pourquoi ? » m’a t-il dit, « je te parle tous les jours ». Beaucoup de 4 portent leurs amis et amours en eux et peuvent se sentir plus proches de ces personnes aimées lorsqu’elles sont physiquement absentes. « En terme d’amour perdu », explique un 4, « le fantasme de cette personne est toujours bien mieux que la personne réelle. »

Un jour, quand j’exerçais en libéral, un couple de jeunes mariés est entré dans mon bureau pour la première séance, ils étaient visiblement contrariés. La femme pleurait et l’homme avait l’air terrifié. Une heure avant la séance, il lui avait confessé une relation sexuelle d’un soir avec une femme de son travail. La femme avait réagi à cette nouvelle avec choc, larmes et récriminations.

L’homme était de type 4 et la femme de type 1. A différents moments pendant la séance elle se montra accusatrice et catégorique dans ses jugements, réagissant en conséquence d’un grand sentiment de blessure. Mais une fois réprimandé, le 4 se défendit en se réfugiant dans sa mémoire : dans ce qu’il avait introjecté de son infidélité.

« Comment as tu pu le faire avec elle ? » La femme hurlait. « De toutes les personnes que tu aurais pu choisir ! Quelle pathétique et sordide petite rencontre cela a dû être. » Rêveur, le 4 répondit « ne parle pas d’elle comme ça, elle a des qualités que tu ne connaît pas. La journée qu’on a passé ensemble a été une des plus belles de ma vie. » Plus la femme devenait accusatrice et plus le 4 sur la défensive, se réfugiait dans le souvenir de cette « magnifique » journée – exactement la pire des tactiques à utiliser avec son épouse profondément blessée.

L’introjection est une réaction au présent même lorsque le 4 se retire subjectivement dans le passé. Le but de cette défense est de re-créer une série de sentiments qui furent à un moment donné satisfaisants, comme une solution pour se dissocier des événements immédiats. Les 4 peuvent introjecter des lieux et des choses tout comme des personnes. Le but étant de garder quelque chose entre eux-même et le mode, une barrière rembourrée, contre le rejet.

Cette défense explique en partie pourquoi les 4 trouvent cela exceptionnellement difficile de faire le deuil d’une personne qu’ils aiment. Si cette personne aimée vit à l’intérieur du 4 et que cette personne part dans la réalité, c’est comme si le 4 devait se séparer d’une partie intérieure de lui même. Faire le deuil d’une personne disparue peut s’apparenter à l’ablation d’un organe.

Les schismes de l’envie

Les 4 sont enclins aux « schismes de l’envie », ils divisent et séparent de façon subjective, des parties de leur vie : les circonstances réelles d’un côté, les alternatives enviées. Certains 4 développent des schismes au travail – créant de façon chronique un conflit entre leur « travail ennuyeux » et le métier créatif qu’ils aimeraient faire. Un tel 4 pourrait dire « Je travaille dans un bureau en tant que secrétaire pour le moment, mais un jour j’irai à Paris et deviendrai peintre. » D’autres 4 créent des schismes dans la vie amoureuse, par exemple, en trouvant leur compagne ou compagnon rasoir et prévisible pendant qu’ils fantasment à propos de glamours inconnu(e)s. Encore, d’autre 4 créent des schismes entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Ils peuvent avoir une belle carrière prospère mais être malheureux en amour ; productif le jour, et se sentant seul la nuit.

Pour son cinquantième anniversaire, un homme soupira en disant « J’aimerais avoir 20 ans à nouveau et savoir tout ce que je sais aujourd’hui ». Un de ses amis, en souriant, lui répondit « oui, imagine à quel point tu te sentirais seul…». Voilà un autre schisme possible : entre le présent et le passé, qu’un 4 va exprimer en étant régulièrement nostalgique. Les 4 nostalgiques peuvent savourer des souvenirs desquels ils retirent du confort et de la stimulation, des souvenirs qui les nourrissent. Quand par contre ils sont désintégrés (ou moins « sains ») ils peuvent devenir des vampires de souvenirs : se détourner du présent pour constamment s’abreuver du passé.

Peu importe leur contenu, les schismes de l’envie sont les produits de l’imagination créative des 4 et le vieil adage à propos de l’envie « l’herbe est toujours plus verte de l’autre côté » a un sens littéral chez le 4. Ils voient ce qu’ils possèdent d’une façon très différente de ce qu’ils envient. Quand ils pensent à leur travail ennuyeux, leur époux banal, ou leur vie actuelle en mal d’inspiration, un 4 peut mentalement voir tout cela comme étant gris, flou et stagnant. En contraste, il verra l’alternative enviée comme étant riche en couleurs, claire et dynamique – caractéristiques sensorielles associées à quelque chose qui donne envie et qui est excitant.

Une cliente 4 me décrivait son couple comme « sécuritaire » et son mari comme étant « stable, fidèle, travaillant dur et morne ». Elle était attirée par un bel écrivain qu’elle ne connaissait pas bien et qui vivait dans les montagnes, mais qui venait de temps à autre en ville.

Je lui ai demandé de visualiser dans sa tête les deux hommes. Elle voyait son mari en noir et blanc et l’écrivain en couleurs. Le mari était statique alors que l’écrivain était lui en mouvement. Elle voyait l’image de son ennuyeux mari loin d’elle, alors que l’image de l’écrivain était proche d’elle.

Je lui ai ensuite demandé d’utiliser son imagination et de changer l’image mentale de son mari en rapprochant cette image d’elle et en imaginant son mari bouger. Ensuite, je lui ai demandé d’éloigner l’image de l’écrivain et de la rendre statique et sans couleurs. Après s’être attentivement concentré pendant une minute, elle dit « hmm. Mon mari est devenu bien plus intéressant.»

Le chanteur-compositeur-interprète Paul Simon, lui même de type 4, a fait allusion aux qualités sensorielles de l’envie dans sa chanson subtile et pleine d’esprit Kodachrome :

« si vous preniez toutes les filles que j’ai pu connaître quand j’étais célibataire et que vous les ameniez toutes ensembles pour une nuit, je sais que cela n’égalera jamais ma douce imagination. Et tout à l’air bien pire en noir et blanc. »

 

Tiré de The Dynamic Enneagram de Tom Condon

Copyright 2009, 2013 par Thomas Condon

Disponible en e-book sur le site web de Tom :http://www.thechangeworks.com

 

Tom Condon travaille avec l’Ennéagramme depuis 1980 et avec l’hypnose Ericksonienne et la PNL depuis 1977. Ces trois modèles sont combinés dans ses travaux pour offrir une collection d’outils utiles visant au changement et à l’évolution, pour appliquer l’ennéagramme de façon dynamique, comme un tremplin vers un changement positif. Tom a animés 800 ateliers aux Etats-Unis, en Europe et en Asie et il est l’auteur de 50 Cds, DVDs et livres à propos de l’Ennéagramme, de la PNL et des méthodes Ericksoniennes.

Il est le fondateur et le directeur de The Changeworks à Bend, dans l’Oregon.

Tom peut être contacté par ce biais : http://www.thechangeworks.com

 

Traduction française de cet article :

Jessica MaurinJessica Maurin–Depetris, is Psychotherapist and the co-founder of the Approche PEARL, a training program providing deep integration of the enneagram with other psychological approaches (Freudian and Jungian Psychoanalysis, NLP, Hypnosis,Transactional Analysis, Gestalt Therapy). www.approchepearl.com